There's a time for taking a rest /with Charlie

Mike avait fermé les yeux...

Le lac. Le calme. Les chants des oiseaux comme seule musique... La fraicheur du vent glissant au-dessus de l'eau. Les rayons du soleil qui tombaient sur son visage. Rien ne troublait cette nature immobile et pourtant tellement vivante. Allongé sur l'herbe qui bordait le lac, Mike profitait de tout cela. Sa respiration s'était ralentie, comme s'il allait s'endormir. Mais son esprit restait attentif à tout ce qui se passait autour de lui. De temps en temps, il entendait le battement des ailes d'un oiseau, le frottement des feuilles entre elles.

En cette fin d'après-midi, Mike avait décidé de prendre un moment pour lui, de se reposer un peu. Et le meilleur endroit pour le faire, c'était le lac. Situé non loin de la ville, il offrait au-delà d'un panorama magnifique, un calme presque irréel. Ici, la nature était reine, les abords du lac n'avaient presque pas été modifiés. Mis à part le chemin de terre blanche et les pelouses régulièrement tondues, on avait préféré laisser le lac comme la nature avait décidé de l'organiser. Et c'était ce qui plaisait le plus dans ce lac: cette impression qu'ici, la nature avait gardé ses droits, et qu'elle était belle ainsi.

Malgré cela, le lac n'accueillait que peu de visiteurs. Rares étaient ceux qui aimaient se retrouver ainsi face à l'étendue bleue du lac, miroir du ciel. De-ci de-là, les feuilles des saules pleuvaient dans l'eau, offrant des abris mouvants aux petits poissons qui avaient choisi ce lac comme habitat. Dans un coin, des roseaux poussaient, pliant sous la brise. Ici et là verdoyaient quelques lys, pas encore fleuris. Les abords du lac, de grandes pelouses d'herbes et de fleurs, entouraient les eaux. Tout le côté nord était couvert d'un petit bois dans lequel on pouvait rencontrer à l'occasion deux ou trois écureuils roux.

Ce lac était l'un des plus beaux. Mais Mike ne pensait pas à cela.
Il était seul avec lui-même, l'esprit vide de toute pensée, n'ayant même plus conscience du temps qui passait. Il était hors du temps, attaché à cette réalité, attaché à la nature autour de lui. Il avait oublié tout ce qu'il avait fait pendant cette journée de juin, il avait oublié tout ce qui l'entravait. Il était simplement bien.

C'était comme si le monde tournait autour de lui. Il avait l'impression d'avoir quitté son corps, d'être un visiteur aveugle des abords du lac. Il ressentait les abords du lac. Il avait presque l'impression de pouvoir les toucher du bout des doigts. La douceur des plumes des moineaux et des mésanges, la rugosité des pierres autour de lui... Comme un papillon. Il ne faisait aucun bruit, était dans ce milieu un peu comme dans son élément, et il le parcourait naturellement.

Comme un rêve. Et si c'était vraiment un rêve? Ça avait pourtant l'air tellement réel, mais c'était tellement merveilleux, si incroyable... Juste à la frontière entre le réel et le rêve. Mais Mike n'en avait pas conscience. Il profitait, restait là, allongé dans le soleil.

Un oiseau se posa près de lui, si près que Mike sentit l'air déplacé par ses ailes venir glisser sur sa peau. Il n'ouvrit pas les yeux, ne bougea pas. Il sentait ce petit être sautiller près de lui, cherchant un insecte entre les herbes. Soudain, l'oiseau s'envola. Mike entendit des pas près de lui. Avec regret, il quitta son état de sommeil partiel.

Les pas s'arrêtèrent devant lui. Mike se redressa sur ses coudes, battant des paupières devant la lumière aveuglante. Une silhouette se tenait devant lui, à contre-jour.